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D’après le dernier recencement, sur une population de 37,382,225 habitants, on compte 4,018,427 enfants de 7 à 13 ans. Les enfants recevant l’instruction dans les écoles primaires étant au nombre de 3,143,540, il en resterait 874,887 qui n’auraient fréquenté aucune école ; mais il faut en retrancher les enfants qui reçoivent l’enseignement à domicile et dans les établissements d’instruction secondaire. Ce chiffre peut être fixé approximativement à 180,000. On peut évaluer à 692,678 les enfants qui ne reçoivent l’instruction ni dans l’école primaire, ni dans un autre établissement, ni dans la famille.

Tels sont les résultats que produit l’instruction primaire d’après les documents officiels. Or, en voyant plus de la moitié des enfants n’aller à l’école que d’une manière insuffisante, en voyant 204,236 élèves n’emporter de l’école que « des connaissances insignifiantes », il faut bien en arriver à reconnaître que l’instruction obligatoire est nécessaire. Tout en admettant en principe que l’instruction obligatoire pouvait être imposée aux parents par la loi, rien ne me répugnait plus qu’une pareille nécessité : mais les chiffres de la statistique sont là ; mais j’ai vu par expérience la nonchalance, l’indifférence du paysan pour l’instruction de ses enfants ; j’ai même vu l’aversion que témoignaient contre l’école de riches fermiers, parce qu’ils prétendaient que leurs enfants pouvaient leur être utiles en leur économisant un pâtour ; et, en adversaire de bonne foi, malgré les plaidoyers de MM. Laboulaye et Louis Reybaud contre l’instruction obligatoire, j’en suis arrivé à penser que l’état actuel des choses la réclamait absolument. En la proclamant, vous n’attaquez pas le droit du père, vous défendez celui du fils ; vous protégez l’avenir contre le passé. L’année dernière, M. Pelletan demandait la liberté de la presse comme en Turquie ; je demande l’instruction comme en Turquie : 4 ou 5 individus sur 100, au maximum, n’ont pas fréquenté l’école ; tandis qu’à Paris nous trouvons