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« L’histoire dit bien que tel prince du nom de Louis, qui porte je ne sais plus quel numéro onze, douze, treize ou quatorze, a détruit la féodalité, rasé les donjons, émancipé les communes, soumis les petits brigands titrés qui pillaient les chemins et divisaient la France en mille petites Frances, ornées de créneaux.

« L’histoire en a menti. Voici la vérité : Un homme, d’autres disent un moine, découvre un jour, en rêvant, une nouvelle espèce de poussière, il met dans un pilon du soufre, du charbon et du salpêtre, et avec un grain de cela, il trouve moyen de lancer en l’air des blocs de rocher… il est le roi de son temps, il est le roi des rois, et à l’heure qu’il est, il règne encore.

«… On peut appeler Charles-Quint un grand roi, parce que ses généraux ont pris sur la carte deux points imperceptibles qui se nomment Rome et Milan. Mais le grand roi est Christophe Colomb…

« Car le signe de la véritable royauté est de trôner sur le temps et l’espace. Elle n’a pas de durée, pas de frontières, elle ne craint ni les invasions, ni les défaites. Elle est éternelle et universelle comme Dieu dont elle descend. Elle est véritablement une dynastie dans un seul homme du droit divin.

« L’autre roi, le petit roi de convention meurt, et souvent tout entier. Qui pourrait par exemple compter la vie du dernier Christern ? Le roi est mort, vive le roi ! et on est obligé de crier ainsi pour résoudre tant bien que mal cette éternité intermittente, continuellement déchirée par une maladie. Mais qui donc pourrait jamais crier : Colomb est mort, vive Colomb ! Colomb vivra éternellement sans avoir besoin de tous ces vivats.

« … Vous tous qui cherchez la monarchie où elle n’est pas, où elle ne peut pas être, voyez autour de vous, il n’y a plus qu’un roi régnant : c’est Gutenberg. Il a détrôné successivement tous les autres rois depuis le pape jusqu’à l’em-