Page:Guyot - L'Inventeur.djvu/458

Cette page n’a pas encore été corrigée

450 L’INVENTEUR.

dont son père avait su remplir ses bottes en déchaussant les inventeurs.

« Le contrefacteur n’était pas un de ces contrefacteurs de circonstance plus malheureux que coupables et forcés de hurler avec les loups.

« Ce n’était point non plus un contrefacteur de bonne foi, comme il peut s’en trouver et comme il s’en trouve, en effet, quelquefois.

" Notre homme appartenait à la famille des contrefacteurs qui agissent en parfaite connaissance de cause et savent tourner à leur proût les lenteurs d’une procédure qu’ils font durer autant que possible, en invoquant tous les cas de nullité et de déchéance qui pèsent, toujours menaçants, sur la tête du malheureux inventeur.

« En un mot, c’était ce que j’ai appelé un contrefacteur sérieux, un contrefacteur de la bonne école.

« Notre contrefacteur voulant céder son fond... »

— Un fonds de contrefaçon? me direz-vous en m’interrompant et en souriant.

— Pourquoi pas ? vous dirai-je sérieusement.

— C’est donc possible ?

— Cela s’est vu. Notre homme donc, voulant céder son fonds à son fils, le fit appeler un matin et lui tint solennellement ce langage :

" — Mon fils, je désire me retirer des affaires et vivre tranquillement de mes rentes.

« — C’est très-bien, mon père.

« — J’ai fait une observation, mon fils.

« — Laquelle ? mon père.

« — C’est qu’avant tout, dans le commerce, il faut être honnête.

« — J’en suis persuadé, mon père.

« — Oh ! ce n’est pas qu’il ne se trouve des négociants peu scrupuleux qui réussissent aussi : rien n’est absolu dans le monde. Mais je passe en règle que, pour bien faire