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442 L'INVENTEUR.

Atroce ! Atroce ! le brave don Ramon qui prend 0 plus 0 pour un binôme ! et qui s’imagine, presque de bonne foi, tant il est poussé par la vanité et tant on le lui répète, avoir tout fait ! et qui, le jour du triomphe, est couronné, tandis qu’on traiterait un peu plus Fontanarès de voleur !

Quoi d’étonnant ensuite que les inventeurs soient défiants, aient sans cesse peur d’être absorbés, répugnent à confier le moindre secret, ne veulent pas s’associer, s’isolent, au contraire, autant que possible ?

Baudouin court à Dresde pour communiquer la découverte qu’il vient de faire du phosphore. Mais voici la manière dont se fait sa communication à Kunckel :

« Je fus, raconte celui-ci, émerveillé de cette singulière expérience ; mais ce jour-là, je n’eus pas le bonheur de toucher la substance de mes mains. Pour obtenir cette faveur, je fis une visite à M. Baudouin, qui me reçut fort poliment et me donna... une fort jolie soirée musicale. Bien que j’eusse causé avec lui toute la journée, il me fut impossible d’en tirer le fin mot de l’histoire. La nuit venue, je demandai à M. Baudouin si son phosphorus (car c’est ainsi qu’il avait appelé son produit de la cornue) pouvait aussi attirer la lumière d’une bougie, comme il attire celle du soleil, il se mit aussitôt à en faire l’expérience. Toutefois je n’eus pas encore le bonheur de toucher la substance en question. «Ne serait-il pas, lui dis-jc alors, plus convenable de lui faire absorber la lumière à distance, au moyen d’un miroir concave ? — Vous avez raison, me dit-il.» Sur-le-champ il alla lui-même chercher son miroir, et cela avec tant de précipitation qu’il oublia sur la table la substance que j’étais si curieux de toucher. La saisir de mes mains, en ôter un morceau avec les ongles et le mettre dans ma bouche, tout cela fut 1’aflaire d’un instant Je lui demande enfin s’il ne veut pas me faire connaître son secret. Il y consentit, niais à des conditions inacceptables. J’envoyai un messager à M. Tutzky, qui avait longtemps travaillé dans