Page:Guyot - L'Inventeur.djvu/448

Cette page n’a pas encore été corrigée

tème au général Y..., qui d’ailleurs a bien voulu lui donner son nom. »

En Angleterre, le trésorier en chef de la marine et secrétaire de la guerre dépouilla Cort de son invention et fit disparaître un registre qui constatait ses droits.

Ses enfants, qui étaient dans la misère en 1857, réclamaient vainement auprès de la Chambre des communes.

Il en est toujours ainsi : les gros mangent les petits, vieille vérité toujours vraie et qui sera encore malheureusement vraie pendant longtemps.

Riquet construit le canal du Languedoc ; il est fort peu encouragé dans cette œuvre, dans laquelle il mange sa fortune ; mais quand il eut réussi, ce ne fut pas à lui que revint la gloire du succès : aux yeux des poëtes et des contemporains, c’était Louis XIV qui avait tout fait.

Mais à côté de ceux-là dont on connaît le nom, pour lesquels on peut revendiquer la part de gloire qui leur est due ; à côté de ces spoliateurs qui sont voués au mépris public, que de malheureux inventeurs meurent inconnus sans parvenir à se faire jour, dépouillés indignement par des hommes puissants. Quels drames secrets et solitaires se passent qui restent étouffés, dont on ne connaît ni la cause, ni la marche. Un jour tel s’est tué, raconte un journal dans ses faits divers, et on attribue sa mort à une attaque d’aliénation mentale.

Non, ce n’est pas à cette attaque d’aliénation mentale qu’il faut attribuer sa mort ; c’est au désespoir qui le rongeait.

A R., s’empoisonne il y a cinq ou six ans, un malheureux chimiste. Pourquoi ? Je vais vous le dire : c’est qu’après avoir fait plusieurs découvertes importantes, auxquelles il avait consacré tout son temps, toute sa vie, toutes ses forces et toutes ses ressources, il se voyait écrasé et dépouillé par une rivalité puissante.

A M., un autre chimiste, trouve un procédé industriel