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l’inventeur les y avait employés, au lieu de les gaspiller en démarches inutiles.

En Angleterre, voyez, par exemple, la société des Lifeboats, c’est-à-dire des bateaux de sauvetage ; c’est une institution nationale, fondée par des particuliers, entretenue par des souscriptions, dont ne se mêle nullement l’État. Les souscriptions volontaires lui constituent un revenu de 750,000 francs. En Amérique, voyez la commission sanitaire qui traitait, soignait, recevait les blessés fédéraux ; elle ne dépendait nullement du gouvernement et cependant son service était supérieur à tout ce qui jusqu’à présent a été fait en Europe.

« Partout, dit Tocqueville, où vous voyez en France le gouvernement et en Angleterre un grand seigneur, comptez que vous apercevrez aux États-Unis une association. »

Pourquoi donc ne pas suivre cet exemple ? Pourquoi donc nous traîner encore dans la vieille ornière qu’ont creusée les préjugés ? Pourquoi donc rester encore en tutelle et ne pas nous émanciper ?

Demandons, demandons sans cesse au gouvernement des réformes libérales, mais rappelons-nous ce vieux proverbe : « Aide-toi, — le ciel t’aidera. » Aidons-nous, agissons par nous-mêmes, et, en attendant que nous puissions jouir de tous les droits qui nous appartiennent, usons de ceux qui nous sont accordés.

« Les pauvres travailleurs, dit Toussenel, hélas ! eux aussi forceraient bientôt messieurs du capital à compter avec eux, s’ils savaient se servir du principe sauveur de l’association, ce levier puissant du progrès. Le travail soulèvera le monde en un jour. »

Associez-vous donc, travailleurs de la pensée ; unissez-vous, serrez-vous les uns contre les autres, oubliez votre amour-propre, abandonnez vos méfiances, quittez votre égoïsme, pensez qu’en vous unissant à vos frères, si vos idées fécondent leurs cerveaux, leurs idées aussi féconderont