Page:Guyot - L'Inventeur.djvu/440

Cette page n’a pas encore été corrigée

contraire, elles avaient la liberté de se constituer en sociétés commerciales, nul doute qu’elles ne pussent alors prendre une extension beaucoup plus considérable, ayant à leur disposition des capitaux qu’elles demanderaient alors à l’intérêt, au lieu d’être obligées de les mendier à la charité publique.

Il est très-difficile à une société reposant sur le concours d’actionnaires, de se constituer. Le crédit en France n’atteint que de mesquines proportions ; il est, en effet, tout confiance et tout foi, et il nous est difficile d’avoir confiance, quand nous voyons les entreprises les plus honorables elles mieux conçues, comme celles de Mirés, par exemple, être arrêtées tout à coup et s’écrouler, parce que sur un soupçon, la loi] permet de saisir un homme, de le mettre au secret, de poser les scellés sur ses registres, de substituer l’action dissolvante de la poursuite à l’action vitale qui animait tout , et de traîner celui qui est tout dans ce cas, pendant plus d’un an, de juridictions en juridictions, jusqu’à ce que, toutes preuves manquant, on soit forcé enfin de reconnaître qu’on a fait erreur, et que, sous prétexte de sauvegarder les intérêts des actionnaires, on les a ruinés complètement.

Mais les gouvernements, d’accord avec le* législations, pleins de méfiance pour toutes les entreprises qu’anime le génie individuel, ne cessent d’arrêter leur extension par tous les moyens. S’ils favorisent les emprunts, qu’ils patronnent d’une manière si libérale qu’elle les met parfois dans l’embarras, ils sont d’une rigidité sans égale pour les sociétés qui se fondent en dehors de leur action.

Notre code, fils du code romain, fait à un moment où l’économie politique, discutée à peine par quelques théoriciens, était rejetée par tous les hommes d’Etat, en est encore aux doctrines de Justinien sur l’usure ; et au lieu de favoriser la circulation des capitaux, qui est à nos sociétés modernes ce que le sang est à notre corps, il la restreint et la comprime, sous prétexte que son effervescence peut