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Vous voyez combien l’inventeur met lui-même d’entraves au progrès, sans que cela soit sa faute, sans qu’il en puisse accuser la société.

Il faut donc supprimer toutes ces entraves, il faut remédier à cet état de choses.

L’État a le devoir dans ce cas, et ce devoir on peut l’exiger de lui, — parce que s’il ne le remplit pas, il refuse à l’homme l’exercice d’un droit, — l’État a le devoir, disons-nous, de donner la liberté d’association.

Cette liberté une fois obtenue, incombe alors à l’inventeur le devoir de quitter l’isolement dans lequel il s’est tenu jusqu’à ce jour, et de s’unir avec tous ceux qui poursuivent la même œuvre que lui.

Je n’entrerai pas dans le détail des associations qui existent déjà ; la France en possède quelques-unes : elle a une société d’inventeurs, fondée par le baron Taylor, le plus dévoué de tous les hommes qui essayent de secourir l’infortune en groupant ses victimes ; une société protectrice des animaux, des académies en province, une société d’agriculture, une société de tissage, une société d’encouragement pour la locomotion aérienne au moyeu d’appareils plus lourds que l’air, etc., etc.

Disons seulement qu’elles n’ont pas, qu’elles ne peuvent pas avoir de puissance bien grande, d’influence bien prononcée, parce qu’elles ne sont pas libres. Malgré cette absence de liberté, elles n’en font pas moins beaucoup de bien ; elles travaillent avec persévérance et activité ; mais elles ne peuvent pas étendre leur cercle comme elles le veulent. Notre législation les resserre. Celles qui n’ont pas de capital ne peuvent se former en sociétés commerciales, parce qu’elles n’ont pas la faculté d’émettre des actions de la valeur qu’elles veulent. Elles sont alors obligées de se former en sociétés d’encouragement, et, il faut bien le dire, quelque grands que soient le désintéressement et le dévouement, on ne peut calculer sans cesse sur ces deux vertus. Si, au