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que la plupart, si ce n’est la totalité des hommes reçoivent, les difficultés résultant non-seulement des imperfections qui se rencontrent dans les plus brillantes intelligences, mais encore du manque de documents, d’observations, de la peine qu’elles éprouvent à recueillir les travaux qui ont été faits sur le sujet dont elles s’occupent et qui pourraient leur être utiles ; difficultés provenant de l’isolement auquel elles sont condamnées ; difficultés provenant des obstacles matériels qu’elles trouvent dans la réalisation de leur œuvre, l’accomplissement de leur plan, la mise en exécution de leur projet ; après avoir vu les entraves avec lesquelles la famille de l’inventeur, ses amis, le public ignorant viennent enchaîner ses forces ; après avoir vu quels mauvais vouloirs il trouve dans le monde savant, quelles négations accueillent son invention ; après avoir ensuite examiné les difficultés qui se présentent lors de son exploitation ; après avoir étudié les vices de notre législation actuelle ; après avoir regardé avec effroi les dangers qui en résultent et qui le menacent sans cesse, nous ne devons plus maintenant nous étonner de la lenteur du progrès ; nous devons, au contraire, admirer quelle énergie et quelle puissance il faut à l’homme, pour qu’avec aussi peu de ressources il parvienne à surmonter de tels obstacles, à triompher de telles difficultés.

Certes, il n’y a rien [de plus admirable que cette lutte de l’homme contre la matière et contre la société ; mais il n’y a rien non plus d’aussi effrayant.

Quand on l’a considérée comme nous venons de le faire dans ses diverses phases, une immense tristesse saisit le cœur, et on éprouve le besoin d’essayer selon ses forces, de remédier à cette situation dans laquelle la société actuelle met l’inventeur.

On veut y remédier d’abord pour lui, car on se sent ému à la vue de toutes ces souffrances, de tous ces combats qu’il est obligé de livrer, des efforts qu’il est obligé de faire pour