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eux les bonnes gratifications, et les croix d’honneur, et les premiers prix, et les bonnes récompenses. Quels hommes utiles ! ils doivent être entourés d’un respect universel ; nul ne pourra jamais avoir trop de déférence pour leur grandes lumières ; ils sont des soleils qui éblouissent !… Voir la caricature que Léon Gozlan en a faite.

Ce que dit M. Boufflers des rapports de l’ancienne administration avec l’inventeur ne pourrait-il pas encore être répété de nos jours ?

« On reçoit son mémoire d’un air importun. On le parcourt d’un air distrait, on le rend d’un air dédaigneux... Si par hasard l’inventeur obtenait que son affaire fût portée à l’administrateur en chef, ordinairement on lui nommait des commissaires, c’est-à-dire une censure pour donner et motiver un avis sur la chose proposée. »

Et voici de quels hommes se composait la commission : « Quelquefois les censeurs étaient les agents du fisc, attachés par état et comme par religion à l’intolérance administrative ; quelquefois c’étaient des membres de ces corporations exclusives d’arts et métiers qui dans toute nouveauté, voient le germe d’une concurrence dangereuse, et qui regardent un inventeur comme un ennemi qu’il faut étouffer en naissant. »

L’inventeur est toujours le même ennemi pour les administrations, nous venons de le voir constaté par M. Morin.

Et en outre, quel choix fera l’État pour juger de la valeur de quelque invention ?

« Si un homme invente une machine à labourer, qui chargera-t-on , croyez- vous, d’examiner l’invention ? Un paysan ? Non, un général d’artillerie.

« Et s’il s’agit d’un nouveau système de météorologie , un météorologiste ? non ; un marin ? un agriculteur ? non ; un mathématicien, un astronome, un bureaucrate qui, herboriste passionné, vous ferait avaler des couleuvres en pensant vous donner une infusion de violettes.