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que la récompense suivrait. L’Empire tombe, et il est obligé de fuir en Autriche. Pendant ce temps, deux de ses associés, MM. G. et L. (quel malheur de ne pas pouvoir dire leur nom !) vendent son invention en Angleterre 25,000 livres sterling. La machine devint anglaise.

C’est du moins ce que répondit un ministre du commerce à une réclamation de l’inventeur. Sous Napoléon III on a enfin donné à sa famille une rente de 12,000 fr. Cela ne suffit pas. C’est une demi-mesure. La France doit un million : si elle ne le paye pas, elle est un débiteur de mauvaise foi.

Voici comment on récompense ceux qui, seuls et sans secours, ont réussi.

Crespel Delisse, qui a doté la France de l’industrie du sucre indigène, a été forcé d’attendre jusqu’à sa soixante-douzième année la récompense qui lui était due.

La fille de Jean Althen, introducteur de la garance en France, mourait à l’hospice d’Avignon, le jour même où on mettait au musée une table commémorative des services par lui rendus. Henri Cort, inventeur delà conversion de la fonte aigre en fonte malléable, est mort de misère. Son fils et ses trois filles sont réduits à demander des secours à l’État.

Il en est de même de Robert, l’inventeur de la machine à papier continu. A soixante-cinq ans tombé dans la misère, il a laissé une fille sans ressources.

Du reste, ce n’est pas seulement en France qu’on agit ainsi : M. Dervillez, professeur de mathématiques à l’École des Mines du Hainaut, résout le problème de tirer l’eau des puits de mines à un kilomètre de profondeur. Un prix de 2,000 fr. devait lui être décerné. Il ne l’a pas reçu.

Il est vrai que de temps en temps le ministre de l’instruction publique ou des travaux, pris d’un beau mouvement, donne des encouragements aux chercheurs ; mais en général les chercheurs ne sont que des chercheurs de phalou, dont ils ne s’occupent pas, dont ils ignorent la langue. A