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M. Victor Meunier lui prêta courageusement l’aide de sa plume.

Et cependant il pouvait encore écrire en 1858 :

« L’espérance que l’inventeur des hydro-locomotives faisait reposer sur le concours d’un grand nombre d’hommes dévoués au progrès ne s’est pas encore réalisée. »

Tout le monde sait, du reste, ce que vaut le génie maritime. On attribue avec juste raison le dégoût que témoignent pour leur métier la plupart de nos officiers de marine à la mésintelligence qui existe entre le constructeur du vaisseau et celui qui doit le monter. C’est à un ingénieur qui n’a jamais traversé la Manche et qui ne peut aller du port de Cherbourg à la digue sans avoir le mal de mer, qui ne connaît rien des nécessités pratiques de la navigation, qu’est confié le soin d’édifier un vaisseau. Aussi à chaque instant se produisent des erreurs ridicules : ici c’est un vaisseau qui ne peut pas se servir de ses canons ; là c’est un autre dont la manœuvre est impossible. La plupart de nos navires cuirassés, qui ont coûté cent millions, ne peuvent tenir la mer. Qu’importe ! le génie a calculé ; le reste ne le regarde pas ; c’est l’affaire du marin : voilà le vaisseau ; s’il ne peut résister à un coup de canon ou à un coup de vent, cela regarde le capitaine, non l’ingénieur. Il est vrai que c’est le capitaine qui risque son honneur et sa vie ; mais cette considération ne signifie rien. Le marin, sans cesse en voyage, ne peut toujours être là à assiéger la porte d’un ministère et à circonvenir un ministre. Il n’en est pas de même de l’ingénieur, qui est toujours là, tout prêt à exhiber des plans et à plaider sa cause. Le marin doit se servir de l’outil qu’il lui donne ; il n’est que l’ouvrier et il n’a pas voix au chapitre. Tant pis pour lui si l’outil est dangereux ou mauvais : qu’il ne se plaigne pas , il ne sera pas écouté.

— Mais, dit le capitaine, les Anglais ont un bien meilleur système que celui que vous employez…