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Dans cette quête, l’inventeur s’adresse ou à des gens indifférents ou à des gens prévenus ; les gens prévenus le regardent comme un fou ou un importun et s’en débarrassent le plus vite possible ; les indifférents ne l’écoutent pas et le traitent en fâcheux. Je ne parle pas de la honte qui abreuve l’inventeur dans ces diverses démarches ; je ne parle pas non plus du temps qu’il y perd. S’il réussissait, ce serait peu de chose. Mais il ne réussit pas.

Il faudrait pour que la vulgarisation d’une œuvre se fît rapidement et dans le milieu où il est utile qu’elle se fasse, que l’association vînt au secours de l’inventeur. Une association pour le tissage existe, par exemple. J’invente une machine qui a rapport à cette branche de l’industrie. Dès qu’elle est faite, je la présente à cette société. Tous ses membres la connaîtront rapidement ; s’ils la jugent bonne, ils s’empresseront de la répandre, de la prendre sous leur patronage et de la vulgariser autant que possible. Le capitaliste qui se verra soutenu par eux n’hésitera pas à se lancer dans une entreprise qui a reçu le baptême du succès. Je n’ai pas eu besoin de faire de démarches, de payer des réclames. La société a prévenu mes désirs.

Si elle est société commerciale, elle me l’achètera peut-être ou l’exploitera de concert avec moi.

Par ce moyen, on le voit, toutes les énormes difficultés sont aplanies, tous les obstacles qui se hérissaient entre l’enfantement d’une invention et son exploitation sont supprimés. Il y a profit pour l’inventeur, profit pour le consommateur : tous y gagnent. N’est-ce pas là ce que nous devons chercher ?

II

Mais, nous dira-t-on, l’inventeur peut recourir au gouvernement, et comme le gouvernement est toujours sage,