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taliste assez osé pour aventurer ses fonds. Il a compris votre génie !... Mais vous savez ce que sont les hommes d’argent, rien pour rien. Aussi demande-t-il la moitié des bénéfices.

— Soit, répond l’inventeur qui donnerait sa découverte à tout prix.

— Mais ce n’est pas tout. Vous conviendrez qu’il est bien juste que j’aie la récompense de mes soins. De plus, c’est moi qui dois lancer l’affaire. Votre bailleur de fonds n’en a pas le temps et ne saurait comment s’y prendre. C’est moi qui dois diriger tout ; m lis il faut vivre, j’aurais le plus grand plaisir à le faire par pur dévouement au progrès et à vous ; malheureusement je ne le puis. Aussi je demande pour moi le quart des bénéfices !

L’inventeur, qui a tout fait, sans lequel on ne pourrait rien, concède encore ce quart.

Pour lui, il ne lui reste qu’un quart, autant qu’à cet homme !

Mais qu’importe ? après quelques difficultés, le malheureux se résigne.

Au moins, il se croit délivré de tout, sauvé, et l’affaire peut prendre de grandes proportions, il fera alors aussi, lui, sa fortune, ou du moins il pourra vivre, travailler de nouveau, et il aura pour récompense la gloire !

Erreur ! le temps se passe, l’inventeur presse le faiseur, il voit ses ressources s’épuiser, il faut qu’il vive. Le faiseur vient toujours avec de bonnes paroles :

— Vous connaissez tous les mille petits retards qui se présentent dans toutes les affaires. Ce sont les grains de sable qui arrêtent le boulet. Hier c’était un acte à enregistrer, aujourd’hui ce sont des capitaux à faire rentrer.

Le lendemain, c’est une perte que vient de faire le capitaliste et qui le force d’ajourner les avances qu’il devait faire à l’inventeur... Et ainsi de suite, les jours succèdent aux jours ; les mois aux semaines, et rien ! rien !