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montrant leurs dents et tressaillant de joie en pensant au beau festin qu’ils vont faire. Ils s’insinuent auprès de l’inventeur ; ils rampent comme le chat et font un ron-ron à sa louange ; ils rentrent leurs griffes, et l’inventeur, homme naïf comme tout homme de génie, s’imagine qu’ils lui rendent service.

Pourquoi en être surpris ? Il a frappé à toutes les portes, et toutes ont été fermées. Comment n’accueillerait-il pas bien ce produit de notre siècle, le faiseur qui s’insinue auprès de lui, qui vient en rampant, bas et vile, avec des paroles douces sur les lèvres, le geste protecteur ; qui emprunte son allure au serpent dont il a le regard ; qui sait faire miroiter aux yeux de sa dupe des cascades d’or qui l’hypnotisent.

Comment l’inventeur ne serait-il pas séduit ? Il estime ce faiseur, il place en lui toute son amitié, il le vénère comme un saint, il l’adore comme un Dieu sauveur, il le regarde comme un bienfaiteur de l’humanité souffrante, et il a de la reconnaissance pour lui.

Il est si bon ce faiseur ! il est venu le trouver dans sa pauvre mansarde au moment où, arrivé à son dernier sou, il pensait déjà au suicide ; il est venu lui remettre le courage au cœur et la Gerto sur le front. Il lui a ouvert un avenir splendide au moment, où il ne voyait plus que le gouffre vers lequel Bossuot dit à l’homme : Marche !... Comment ne pas sentir son cœur déborder d’affection pour cet homme ? Aussi est-il prôt à passer par toutes les conditions qu’il lui dictera. Évidemment il ne peut vouloir que son bien, et puisque lui ne sait pas lancer son affaire, il doit se laisser guider par ce bon entremetteur.

Et comme le faiseur a bien pénétré tous ces sentiments ! comme il a bien suivi la marche progressive qu’il a faite dans le cœur de l’inventeur !

Alors, quand il sent le moment venu, il lui dit :

J’ai déjà commencé les démarches ! j’ai trouvé un capi-