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plaintes injurieuses de sa petite ville, finit par devenir le petit chien d’une vieille tante.

Que d’histoires semblables ! Aveugle est l’inventeur qui, ayant produit son œuvre, croit qu’il lui est facile d’en tirer parti ! S’il a quelques ressources et qu’il veuille le tenter lui-même, il n’est pas plus heureux. D’abord, très-souvent, il n’a pas l’habileté, l’entregent, l’esprit commercial, qui sont indispensables dans les affaires.

Il faut lire dans l’intéressant volume que M. Os. Comettant a intitulé Un Inventeur au dix-neuvième siècle , et dans lequel il a retracé la vie de Sax, quelles difficultés trouve l’inventeur, même le plus habile, pour exploiter son œuvre. Sax tente lui-même cette entreprise. Alors chaque jour il se trouve en butte à de nouvelles difficultés. Tantôt il est sans asile, le hasard lui en procure un. Le lendemain ce sont les ouvriers qui lui demandent leur salaire. Puis ce sont des matériaux à acheter, l’idée à répandre, l’invention à vulgariser, à faire accepter, des ouvriers à former, tout le tracas d’un fabricant, plus celui de l’inventeur ; ce sont des luttes de tous les jours, de tous les instants contre les rivaux, contre les envieux, contre le public ; l’inventeur est dans un guêpier ; il ne voit qu’embûches partout. La faillite et Glichy le menacent sans cesse. Il lui faut de l’argent, de l’argent à tout prix. Alors se présente un honnête usurier qui lui prête à 50 p. 100 pendant six mois. Il prend, il accepte, il marche, il voit tout crouler autour de lui, il va en avant ; le chemin s’effondre sous ses pieds, il sent que chaque pas qu’il fait est un pas de plus vers le bourbier sans fond qui l’attend. Il marche toujours jusqu’à ce qu’il y tombe et y reste enseveli.

Oh ! les corbeaux qui aiment le cadavre ! oh ! les vautours qui cherchent la charogne ! Oh ! les chacals, qui le suivent partout comme ils suivent le lion ! oh ! les hyènes prêtes à absorber toutes les ordures ! Ils sont là partout, autour de lui, rôdant, passant la langue sur leurs lèvres,