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vet ; il faut que l’inventeur, en quinze ans, paye les avances faites par lui, convainque le public de l’utilité de son invention, la fasse adopter et organise son exploitation sur une assez grande échelle pour pouvoir faire des bénéfices suffisants.

Dans un laps de temps aussi limité, ces conditions sont excessivement difficiles h remplir. Rien de plus hasardeux qu’une entreprise pareille. Aussi l’inventeur, qui rarement a les fonds nécessaires pour s’en charger lui-même, ne trouve-t-il qu’avec les plus grandes difficultés un capitaliste qui ait assez de confiance en son invention et ait les reins assez forts pour faire une avance souvent très-considérable qui pourrait bien n’amener que des pertes. Si le brevet était perpétuel, le capitaliste, confiant dans le temps, pourrait risquer ses capitaux ; mais sous le régime actuel, ce n’est qu’avec la plus grande répugnance qu’il se lance dans des entreprises de ce genre. On ne peut lui en vouloir : chacun calcule ses intérêts ; il n’y a ici qu’un coupable : c’est la loi qui fait cette fausse position à l’inventeur.

Aussi sont-elles profondément vraies ces paroles de Claude Vignon : « Quand, à force de peines et de veilles, un homme a fait une découverte utile ; quand il a créé une force nouvelle ou créé une application plus avantageuse d’une force déjà connue ; quand il a ravi à la nature un de ses secrets pour le mettre au service de son pays et de l’humanité, il peut contempler son œuvre dans la solitude et mourir de misère.

« — Au temps de Galilée, on mourait de persécution. »

Il y a progrès évidemment. Mais est-ce un progrès bien satisfaisant et devons-nous le célébrer bien hautement ?

Trouver de l’argent a toujours été chose fort difficile ; mais trouver de l’argent pour exploiter une invention, c’est saisir la plus insaisissable des chimères. Il faut être habile comme Riquet, qui parvint à extorquer 500,000 livres aux