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cer les brevets par des récompenses proportionnelles. C’est en vain qu’ils disent : « Au bout d’un certain nombre d’années d’exploitation des brevets,on fera une enquête chez les industriels usant de l’invention, et un jury mixte composé de fabricants et d’inventeurs accordera une récompense, une indemnité à l’inventeur. »

Tout cela est faux, est mauvais, doit être condamné, rejeté absolument, parce que ces récompenses ne seront jamais proportionnelles au service rendu. L’enquête présentera des difficultés insurmontables ; et supposez qu’on veuille récompenser suffisamment l’inventeur des machines à coudre ou du télégraphe électrique, le budget de la France n’y suffirait pas. Tout le monde a plus d’esprit que Voltaire, a-t-on dit : nul non plus n’est plus riche que le public.

Rappelons la profession de foi du journal le Travail intellectuel, fondé par M. H. Castille ; elle est juste, elle est vraie, elle renferme en quelques mots les vrais principes sur lesquels on doit s’appuyer en cette matière :

« Les lettres, les sciences et les arts n’ont d’autre bienfait à demander à l’État que de rentrer dans le droit commun. Mais si nous repoussons le secours, c’est à la condition qu’on nous dégrèvera de l’impôt et qu’on nous assurera notre existence par la liberté du travail et la propriété absolue du produit. »

Il faut que chacun travaille selon ses forces pour arriver à ce résultat ; il faut surtout que tous ceux qui veulent mettre fin à la législation arbitraire qui dévore l’inventeur et arrête le progrès s’unissent pour élever la voix et demander hautement enfin aux divers gouvernements des pays qui prétendent être à la tête de la civilisation qu’ils s’occupent sérieusement de cette question ; il faut donc convoquer un congrès national, y appeler toutes les nations du monde, afin qu’y envoyant chacune ses députés, il résulte de l’ensemble des travaux de tant d’hommes une doctrine non-seulement commerciale, mais encore industrielle, qui