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l’inventeur a tous les mérites, mais il n’a pas un droit.

En effet, il manque quelque chose à l’inventeur pour ne pas devenir le véritable roi du monde, foudroyer tous les lilliputiens qui l’attaquent, écraser toutes les fourmis qui essayent de le piquer : ce qui lui manque, c’est le droit de la force !

Nous demandons que l’inventeur ait le droit commun ; nous ne demandons pour lui ni prix ni récompenses, tous ces hochets bons pour des enfants : jamais ils ne sont rigoureusement en rapport avec les services rendus. Ils sont toujours décernés plus ou moins arbitrairement, par quelques jurés qui sont hommes et par conséquent faillibles. Il n’y a réellement de sérieux maintenant pour l’homme que le bénéfice qui revient directement de son œuvre sans l’intermédiaire de nulle protection. Ce n’est pas une académie, ce n’est pas un jury, ce n’est pas une administration qui doit lui donner gloire et richesse : c’est le suffrage universel.

Il doit arriver par ses propres forces ; l’Etat ne doit pas lui servir d’intermédiaire ; son intervention ne peut lui être que funeste, car elle est toujours plus ou moins arbitraire, plus ou moins tyrannique. L’inventeur n’a qu’une chose à réclamer : le libre développement de son énergie et la propriété de sen œuvre.

« Protégez-le (l’inventeur), disait fort bien de Boufflers, et ne le payez pas ; en ne le protégeant pas, vous lui refuseriez ce qui lui est dû ; en le payant, vous lui donneriez autre chose que ce qui lui est dû ; en un mot, point de marché, car ce marché sera libre ou forcé ; s’il est forcé, vous êtes tyrans ; s’il est libre, vous êtes téméraires.»

Aussi blâmai-je la loi de 1791 d’accorder au Corps législatif la faculté de donner une récompense aux inventeurs qui la demandaient. Quel bienfait a retiré Philippe de Girard du prix que lui avait donné l’Empereur ?

C’est en vain que les adversaires de la propriété industrielle, sentant l’injustice de leur cause, voudraient rempla-