Page:Guyot - L'Inventeur.djvu/39

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

nous objecter les dangers de l’individualisme ; l’exemple de l’Amérique a prouvé qu’ils étaient chimériques : l’individualisme ne mène pas à l’isolement ; il mène au contraire à l’association. Cette nouvelle puissance ne fait qu’apparaître en France. Nous la connaissons mal encore et nous en avons peur. Des lois vexatoires, en compriment l’essor et en arrêtent le développement. Nous-mêmes ne sommes-nous pas coupables? Habitués par la longue tutelle à laquelle nous avons été soumis à ne pas compter sur nous-mêmes et à compter toujours sur la protection du gouvernement, nous n’osons encore marcher sans son appui. Or il faut, si nous voulons parvenir au but auquel nous devons tous tendre, réagir contre cette habitude. Il faut que nous n’ayons foi qu’en nos propres forces ; et alors nous deviendrons puissants, parce que nous voudrons beaucoup. Nous nous accoutumerons à compter sur nous, sur nous seuls ou sur nos égaux, et non plus sur le Pouvoir. Les hommes énergiques et indépendants ne seront plus broyés par le laminoir de l’État, n’étoufferont plus dans le moule où ils sont enfermés. Les individualités se développeront à l’aise. Comme rien ne gênera plus leur essor, elles trouveront à employer des forces qu’elles consument dans une inaction forcée ou en roulant un rocher de Sisyphe qui retombe perpétuellement sur elles. Nul n’aura plus peur de l’excès de la production, parce que la consommation sera immense. On ne cherchera plus l’égalité de la médiocrité, on cherchera l’égalité de la grandeur. L’inventeur ne sera plus un être persécuté, parce qu’il ne ressemble pas à tous les autres, parce qu’il innove et que nos esprits tranquilles ont peur de toute innovation ; parce qu’il ne suit