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XV

Il faut en finir ; il faut que cet état de choses cesse : il ne faut pas que l’inventeur reste plus longtemps immolé à la société ; il faut que la spoliation dont elle se rend coupable envers lui ait un terme ; il faut que l’inventeur ne soit plus regardé comme une victime dévouée au bûcher auquel chacun peut apporter son fagot ; il ne faut pas qu’il puisse plus longtemps être comparé au cerf, dont Toussenel a fait son emblème : il faut qu’il ait des garanties égales à celles des autres citoyens. Son état de paria ne doit pas durer plus longtemps : lui créateur, lui semi-dieu, il doit avoir droit à l’égalité des droits : il est temps que le funèbre sic vos non vobis ne retentisse plus comme un glas et que l’ère de justice commence pour lui ; que le dix-neuvième siècle, qui a vu, qui verra encore, espérons-le, éclore tant de merveilles industrielles qui font sa grandeur, donne enfin à ceux qui les ont créées ou qui les créeront le droit d’en jouir. Il est temps qu’on se presse ; que nos législateurs calculent quelles douleurs entretient et enfante chaque jour l’état de choses actuel , les énergies qu’il paralyse , les forces qu’il fait perdre ; qu’ils se rappellent que non-seulement le temps est de l’argent, mais que le temps perdu pour l’inventeur est la misère, la mort, le suicide ; et alors ils n’hésiteront plus, ils se hâteront de donner satisfaction à cette classe d’opprimés.

En vain reculeraient- ils encore ; en vain, tout en reconnaissant avec Proudhon que le problème est « faire produire le plus possible par le plus grand nombre d’hommes possible , » diraient-ils que le problème est résolu et qu’il n’y a rien à faire, nous leur répondrions, nous appuyant sur des faits, qu’ils ne peuvent le résoudre et qu’ils ne le résoudront jamais tant qu’ils n’auront pas changé cette lé-