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— Qu’est-ce que cela veut dire ?

— Je ne sais pas, papa.

— Tu es donc un imbécile !

Plus poli, je ne dirai pas cela à nos législateurs, vu que je n’ai nullement la prétention d’être leur papa ; mais j’ai encore bien moins celle d’être leur fils.

Or, irrespectueusement, je leur demanderai ce que signifie cette formule qu’ils obligent, sous peine d’une amende assez forte, les brevetés à ajouter à la mention de leur brevet : sans garantie du gouvernement ?

Vous, moi, nous savons parfaitement qu’ils ne signifient rien. Le gouvernement ne garantit, ne peut garantir aucun brevet.

Alors pourquoi ces, mots ? ne sont-ils pas une affirmation dans le genre de celles de M. de La Palisse ? — 0 législation !

Je ne vous parle que des gens qui ne savent pas ce qu’est le brevet et qui peuvent croire qu’il y a des inventions brevetées avec garantie du gouvernement ; ceux-là sont induits en une erreur qui peut être fâcheuse pour le breveté. Un paysan, par exemple, peut hésiter à acheter une machine qu’il verra brevetée sans garantie du gouvernement, se figurant qu’il pourra en acheter une brevetée avec garantie du gouvernement et qui sera bien meilleure.

J’ai vu un paysan marchandant une vannerie à une foire ; il lut en épelant sur le prospectus : breveté sans garantie du gouvernement.

— Ah ! dam non, je ne veux point de celle-là, dit-il, il faut qu’elle soit garantie par le gouvernement.

— Mais, malheureux, vous ne savez donc pas ce que c’est que les machines garanties par le gouvernement, dit le fabricant : ce sont les machines dont se sert l’Empereur seulement et qui coûtent leur poids d’or.

Ce ne fut que sur cette considération que le paysan l’acheta.

Inutile d’insister sur cette sottise.