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pour son négrillon. Il essayera donc par tous les moyens possibles de s’en assurer aussi la propriété, il en sera fier quoi qu’on lui dise, malgré toutes les déceptions qu’il pourra éprouver et, de même que Galilée, il s’écriera devant chaque dénégation : Et cependant elle tourne !

Proportionnellement plus considérable, ai-je même dit ; et en effet, il y a des gens riches qui ne savent que faire et qui veulent occuper leurs loisirs, qui ne seraient pas fâchés de joindre à leur nom plus ou moins aristocratique un peu de gloire moderne ; qui, ayant le moyen de dépenser de l’argent en expériences, ne reculent pas devant elles ; et alors ils se font inventeurs amateurs comme d’autres sont peintres amateurs ; les deux, en général, ne valent pas mieux l’un que l’autre, et ils arrivent à enfanter des monstruosités qui confondent la raison. Or ils ont toujours de l’argent à dépenser pour prendre un brevet, et en augmentant la taxe, vous ne les découragerez nullement.

Maintenant vous avez peur des spéculateurs qui viendront prendre un brevet à propos de n’importe qui et de n’importe quoi ; est-ce que maintenant vous n’avez pas aussi à les redouter ? Un spéculateur trouve toujours 100 francs ou 200 francs à débourser ; il n’en est pas de même du véritable inventeur, qui ordinairement est quelque pauvre diable ; sous prétexte de le favoriser, c’est lui que vous lésez

Restreignez donc cette taxe au lieu de chercher à l’augmenter, comme ces gros négociants anglais dont tous les efforts tendent à forcer l’humble travailleur à leur abandonner le produit de ses efforts.

Souvenez-vous que l’impôt sur les brevets est « l’impôt sur le progrès (1), » et que celui-là doit être le moins lourd de tous.

Aussi voudrais-je, au lieu d’augmenter la taxe, la fixer

(1) Corbin.