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Ils sont naïfs les gens qui demandent que l’on change cette infamie, sans demander le changement radical de toute la législation sur les brevets.

Dans une loi, si incorrecte qu’elle soit, vous ne pouvez rien retrancher, rien modifier, sans en changer immédiatement tout le caractère. Vous ne pouvez détruire un anneau d’une chaîne, si mal faite qu’elle soit, sans la briser.

Donc laissons subsister les tortures tant que la loi existera ; espérons que, par leur atrocité même, elles amèneront plus rapidement leur abrogation : nous ne demandons donc pas des réformes partielles ; nous montrons seulement les conséquences du principe, afin qu’elles prouvent tout ce qu’il a de faux, d’illogique et de funeste.

XII

Autre conséquence.

Tout privilège doit s’acheter et se payer cher. Cette condition est dans la logique des choses.

Aussi comment agit la loi à l’égard de l’inventeur ? Elle le condamne à une amende pour crime d’invention.

A. Karr : « Tout inventeur était condamné à une amende de 1 ,500 francs, prix d’un brevet, sans lequel son invention n'était pas à lui, lesquels 1,500 francs il fallait lui trouver quand il s’était ruiné et endetté pour son invention !

« Depuis on a modifié la pénalité contre les inventeurs, on a sous certains rapports abaissé la peine qui leur était infligée ; ils payent encore 1,500 francs d’amende, mais ils ne payent que 100 francs par an.

« C’est l’admission d’une circonstance atténuante en faveur des inventeurs. Mais il reste une chose grave : c’est qu’une invention est plus sévèrement punie qu’une fausse invention ou une invention sans application. »

M. A. Karr a l’air de s’étonner de cette dernière chose,