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Vous entendez : ils sont enfin proclamés, les deux droits imprescriptibles du travailleur, sans lesquels il ne peut vivre, il ne peut produire, il ne peut innover, inventer, créer ; principes dérivant l’un de l’autre, liés intimement, dont on ne peut supprimer l’un sans supprimer l’autre.

Maintenant, l’œuvre dont la Révolution avait jeté la base est-elle complète ? C’est ce que nous examinons dans ce livre.

D’abord, nous sommes revenus en arrière en ce qui concerne la propriété industrielle ; nos législateurs de 1843 n’ont pas osé maintenir ce principe absolu ; de ce droit ils ont fait un privilège, assujetti par conséquent à tout l’arbitraire auquel forcément est soumise toute concession de cette nature.

Or, en voyant les maux qu’entraîne cet arbitraire, convaincu que la propriété industrielle n’est pas un vain mot, comme nous espérons le démontrer contre certains économistes qui, sous prétexte de liberté, la repoussent, comme s’il y avait un motif assez puissant pour faire nier un droit, nous demandons à nos législateurs de revenir à la déclaration pure et simple de l’Assemblée nationale et d’en suivre toutes les conséquences.

Ce sera juste et en outre ce sera un immense bienfait pour l’humanité entière. Nous ne devons pas oublier quelle importance a prise l’industrie en notre siècle, non-seulement parce qu’elle a eu la science pour la soutenir et la féconder, mais encore parce qu’un semblant de droit est venu la protéger. Que sera-ce donc quand l’inventeur jouira d’un droit réel, débarrassé de toutes les restrictions qui en ce moment en font un leurre?