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core nous les aurons tout étranglées, torturées, amincies, diminuées par leurs laminoirs.

Voyez donc ce que sont les gens du juste milieu :

Je vous ai cité tout à l’heure l’opinion de M. Renouard ; eh bien, M. Renouard, partisan des principes en législation, se garde bien de proclamer le principe de la propriété industrielle dans son ouvrage sur les inventeurs. Bien plus même, il reproche à Boufflers d’avoir repoussé le terme de privilège que l’on donnait sous l’ancien régime à la protection accordée à l’inventeur, et d’avoir proclamé que l’inventeur avait un droit, un droit de propriété sur son œuvre ; et non-seulement M. Renouard dit qu’il a eu tort de soutenir cette thèse, mais encore il insinue que Boufflers s’apercevait parfaitement que la protection qu’il proposait de donner à l’inventeur n’était qu’un privilège !

O les contradictions des hommes qui, partant d’un point, ont peur de suivre la ligne droite, voyant sans cesse au bout un précipice, comme Pascal voyait un gouffre à ses pieds, et qui, en proie à cette hallucination, mais n’osant revenir en arrière, cherchent des haltes à droite et à gauche de la vraie route où ils puissent s’arrêter pour se dispenser d’arriver au but qui leur fait peur.

C’est ce qui est arrivé aux rapporteurs de la loi de 1844 ; certainement tous avaient d’excellentes intentions ; ils voulaient protéger l’inventeur ; mais l’enfer est pavé de bonnes intentions et, avec la meilleure volonté du monde, ils ne sont arrivés qu’à faire une loi effroyable. Il ne faut pas leur en vouloir, ils étaient timides.

C’est toujours l’histoire de Leibnitz :

Leibnitz argumentait bien contre la torture. Cette barbarie le révoltait certes. Il eût voulu sa suppression. Mais cependant, se disait-il, je ne sais comment on pourrait s’en passer, c’est un mal nécessaire. Il faut le garder. Et on garde de même le brevet actuel en dépit du bon sens et du droit. Et même ce petit pays qui est auprès de