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Il fallait la Révolution française pour affirmer au monde les deux grands droits du travailleur, sans lesquels il ne peut être qu’un esclave ou un serf : ces droits devaient être formulés par des hommes affamés de justice, dont le but était de combattre toutes les anciennes iniquités, d’arracher toutes les entraves qui enserraient l’homme, et de le livrer enfin à lui-même et à sa propre initiative, en lui disant : « Marche ! maintenant nulle barrière ne t’arrêtera plus ; tu es ce que tu dois être : ton maître ! tu ne dépends plus du bon plaisir d’un seigneur ou d’un roi ; tu peux travailler où bon te semblera, à ce qu’il te plaira, sans craindre la tyrannie des maîtres, les persécutions du fisc ; fabriquer ce que tu voudras, sans être forcé de faire marquer tes produits du sceau royal ; tu t’appartiens ; en un mot, tu es libre : il n’y a plus de privilèges ! »

Séance mémorable que cette séance de la nuit du 4 au 5 août 1789, qui vit s’écrouler, sous le souffle de quelques orateurs, tout l’édifice des privilèges, corporations et jurandes, s’appuyant d’un côté sur le trône, de l’autre sur la Bastille.

La trombe révolutionnaire, emportant tout sur sa route, entraîna aussi dans la débâcle les privilèges accordés aux inventeurs, parce qu’ils étaient privilèges.

Mais ensuite, lorsque l’Assemblée nationale, voyant la place nette, fonda sur tous ces débris les grands principes de la société moderne, elle rétablit comme droit ce qu’elle avait anéanti comme privilège et formula cette déclaration dans son bref et ferme langage : « Toute découverte ou toute invention dans tous les genres d’industrie est la propriété de son auteur. »