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300 L'INVENTEUR.

propriété de l’inventeur dans le droit commun, c’est le plus juste, le plus rationnel des divers moyens présentés pour concilier l’intérêt de la société et l’intérêt de l’inventeur.

II y a une considération qui a fait reculer certains auteurs devant la faculté de l’expropriation laissée à l’État, aux compagnies, aux particuliers, d’exproprier une invention.

— Qui nous dit, ont allégué ces auteurs, qu’un inventeur ne pourra pas garder son secret et par conséquent se dérober par là à la charge de l’expropriation ?

Cet argument est juste, mais il ne semble pas avoir des bases bien solides, et le danger qu’il prévoit ne doit pas nous inspirer des craintes bien sérieuses.

Il est impossible à bien des inventeurs de conserver leur secret, il n’y a guère de mécanisme que l’on puisse soustraire à la connaissance du public, ce ne seraient guère que des secrets de chimie qui pussent être ainsi dérobés, procédés industriels ou remèdes; et encore l’inventeur n’aura-t-il pas sans cesse à craindre qu’un jour un chercheur ne découvre ce qu’il veut cacher ? et alors ce chercheur pourrait parfaitement jouir de ce secret que l’autre aurait voulu conserver.

Enfin si l’inventeur ne voulait pas le divulguer, il y aurait un moyen bien simple de l’y contraindre : lui défendre,

— je le dis hautement, quoique je ne sois guère partisan du mot ni de la chose qu’il représente, — de l’exploiter.

Mais du res(e ne craignons pas qu’on soit souvent obligé d’en arriver à une pareille rigueur; l’intérêt même de l’inventeur le poussera à divulguer lui-même ce secret de peur qu’un autre s’en empare.

Mais, dit-on encore, n’y aurait-il pas un danger pour l’inventeur en laissant ce droit à l’État ? Qui vous dit qu’un jour ne paraîtra pas un fonctionnaire quelconque possédé de la même rage d’expropriation que le préfet actuel de la Seine ? et alors quel danger pour les inventeurs ! Autant vaudrait conserver le système existant en ce moment ! L in-