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beaux bénéfices, s’ils pouvaient l’exploiter exclusivement pendant trente, quarante ou cinquante ans, et non pendant quinze ans.

Aussi que d’inventeurs à partager le sort de Carcel !

Carcel, n’ayant qu’un brevet de dix ans, ne pouvant trouver des capitaux pour l’exploiter, était réduit à confectionner sa lampe pièce à pièce « comme un horloger de province fabrique au prix de 60 francs une montre que Genève et Neufchâtel peuvent livrer à 20 francs. »

Il mourut dans la misère !

On invoque encore cet argument, on dit : A quoi bon prolonger la durée des brevets, puisque tous n’arrivent pas à leur terme ?

D’après les statistiques il résulte que sur 2,035 brevets pris en 1844-45, il n’en restait que 248 en 1854, c’est-à- dire, dix ans après, que sur 2,048 brevets pris en 1846, 189 restaient seulement en 1854.

Mais ce n’est pas un argument à invoquer, car quelle est la cause qui constitue l’abandon de ces brevets ? Elle est facile à montrer.

C’est le prix énorme de la taxe que beaucoup d’inventeurs ne peuvent payer.

Et puis il y a des inventions qui ne sont faites que pour un moment, les inventions qui concernent les modes, par exemple, la fabrication des ressorts en acier ou de la couleur Solférino; puis il y en a d’autres qui ne sont pas nées viables. Heureux ceux qui inventent des babioles, fantaisies, affaires de modes, choses fugitives, sans importance réelle dans le grand mouvement de l’humanité ! Ils font leur fortune, comme les inventeurs des objets que la fantaisie du beau sexe a mis en vogue, tels que ceux que nous venons de citer ; ils lèguent même leur nom à leur œuvre, plus heureux que Colomb. Praslin a légué son nom aux pralines, Bucking a légué le sien à ses harengs fumés, et Charles-Quint, en 1556, vint de Middlebourg à Zievled en Zélande,