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appelez-le comme vous voudrez, — est si juste que parfois on est obligé, en ce moment même, de faire exception à la règle imposée par la législation des brevets, et que sous le nom de privilèges on donne de véritables brevets d’application.

Qu’est-ce, en effet, que le privilège accordé à une compagnie de chemin de fer, à la compagnie de l’Isthme de Suez, si ce n’est un brevet d’application ayant une durée de quatre-vingt-dix-neuf ans ?

Si nous sommes partisans des brevets d’applications, — a fortiori le sommes-nous des brevets d’importation.

La loi de 1791 admettait les brevets d’importation : chaque fois que nous jetons un regard sur les conquêtes qu’a faites la Révolution et que nous voyons celles que nous essayons de faire, nous ne pouvons nous empêcher de remarquer combien nous avons rétrogradé depuis ce temps. Maintenant, en tout et partout, nous nous épuisons à demander des progrès qui étaient accomplis il y a plus de soixante-dix ans.

Naturellement, en 1843, quand il s’agit d’abolir les brevets d’importation, on trouva quantité de bonnes raisons pour justifier cette disposition de la loi ; les relations sont plus fréquentes entre les peuples, il est facile de connaître les découvertes qui se font à l’étranger...

Ici je vous arrête. Facile, dites-vous ? facile de savoir tout ce qui s’est fait dans l’univers entier, quand l’homme le plus érudit ne connaît pas tout ce qui s’est fait en France sur le sujet qu’il traite !

Facile ! à la condition que le breveté soit technologue, bibliomane, omniglotte, etc. ; qu’il puisse répondre comme Pic de la Mirandole, de onini re scibili.

Raisonnez donc un peu, et posez-vous cette question, législateurs :

Est-ce qu’une enquête universelle est praticable pour le breveté ? Est-ce qu’il peut connaître toutes les inven-