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Sans manifestation, néant. Cette maxime est profondément vraie. Lisez Coste, Dutens, le Vieux Neuf de M. Ed. Fournier, le livre de M. Saint-Germain Leduc, et vous verrez que si on n’admet pas ce principe, il n’y a pas une invention qu’on ne puisse faire remonter au delà du déluge. (Voir ch. 2.)

III

La conséquence de ce principe est facile à voir : toutes les vaines disputes sur l’antériorité et la priorité tombent, et vous pouvez facilement affirmer que celui-là est propriétaire qui manifeste ou exploite.

Avec l’obligation que la loi impose à l’inventeur de ne faire breveter qu’une invention entièrement nouvelle, nul inventeur ne peut être en sécurité. Il faudrait que le breveté eût une érudition immense, qu’il sût toutes les langues, qu’il connût tous les livres, qu’il n’ignorât rien de ce qui a été fait avant lui. Évidemment lui demander de pareilles conditions est folie, et voilà pourtant celles que la loi lui demande. Si on vient en effet à apprendre que, dans un livre chinois remontant à un millier d’années, son invention est constatée, son brevet est annulé de droit, son invention tombe dans le domaine public. C’est atroce, c’est épouvantable, mais il en est ainsi. Nul inventeur ne peut jamais être assuré de la validité de son brevet. Sans aller en Chine, on peut exhumer à tout moment un article d’un journal quelconque paraissant à Carpentras ou à Quimper-Corentin, se tirant à 500 exemplaires et n’ayant nul écho, et, cet article en main, venir lui dire :

— Vous n’êtes pas inventeur ; c’est moi qui le suis, vous n’êtes qu’un contrefacteur.

Et cela arrive, ce n’est pas une charge que je fais, nous verrons quelque part l’inventeur être accusé par ses contre-