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l’appliquer, l’inventeur étant un phénomène à peu près inconnu.

Pour qu’il pût naître, se manifester, il fallait que la liberté de l’industrie fût proclamée.

Un homme, Turgot, imbu des idées de perfectibilité qu’entrevoyait ce siècle, réformateur par tempérament, libéral par principes, l’essaya en 1776.

Voici le préambule de l’édit de Turgot :

« Dans presque toutes les villes, l’exercice des différents arts et métiers est concentré dans les mains d’un petit nombre de maîtres, réunis en communauté, qui peuvent seuls, à l’exclusion de tous les autres citoyens, fabriquer ou vendre les objets du commerce particulier dont ils ont le privilège exclusif ; en sorte que ceux de nos sujets qui, par goût ou par nécessité, se destinent à l’exercice des arts et métiers ne peuvent y parvenir qu’en acquérant la maîtrise, à laquelle ils ne sont reçus qu’après des épreuves aussi longues et aussi nuisibles que superflues, et après avoir satisfait à des droits et à des exactions multipliés, par lesquels une partie des fonds dont ils auraient eu besoin pour monter leur commerce, ou leur atelier, ou même pour subsister, se trouve consommée en pure perte.

« Ceux dont la fortune ne peut suffire à ces pertes sont réduits à n’avoir qu’une existence précaire sous l’empire des maîtres, à languir dans l’indigence ou à porter hors de leur patrie une industrie qu’ils auraient pu rendre utile à l’État.

« Toutes les classes de citoyens sont privées du droit de choisir les ouvriers qu’ils voudraient employer et des avantages que leur donnerait la concurrence, par le bas prix et