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langage que pourrait tenir l’inventeur à la société ; et que lui répondre ?

Rien, vous ne pouvez rien objecter à cette vérité : « La propriété est le droit d’appliquer à soi-même ses propres efforts ou de ne les céder que moyennant la cession en retour d’efforts équivalents. » (Bastiat.)

Et vous ne reconnaîtriez pas à l’inventeur ce droit !

Quel illogisme ! Plus le service rendu serait grand, plus vous refuseriez à l’homme qui le rend la récompense de ses peines, de ses efforts, de ses travaux, de ses labeurs, en prenant ce mot dans la large acception du latin labor.

Quant à moi, j’appelle brutalement les choses par leur nom, et je dis hautement que la société, si elle refuse à l’inventeur le droit de propriété de son œuvre, commet une spoliation.

Vous annihilez pour lui toutes les règles de la justice, vous le mettez hors du droit commun, vous en faites un paria.

Vous lui refusez à lui le bénéfice de l’échange ; car qu’est-ce que l’échange ? L’union des forces, a dit Bastiat, et lui vous l’en privez !

L’inventeur apporte à la société :

« 1° Un apport intellectuel ;

« 2° La matérialisation de cet apport pour que la société puisse se l’assimiler ;

« 3° Un acte de confiance et d’abandon, c’est-à-dire la publication des voies et moyens à l’aide desquels on l’obtiendra après lui (1). »

Et la société ne donnera rien en retour à l’inventeur, elle ne lui reconnaîtra en échange aucun droit, elle recevra l’aumône, elle l’acceptera avec reconnaissance, elle tendra honteusement la main prête à la refermer dès qu’elle tiendra la proie qu’elle convoitait, et, comme le misérable qui

(1) Dumery.