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304 L'INVENTEUR.

naturels ne sont pas une propriété, qu'ils sont sans valeur par eux-mêmes, qu'ils n'acquièrent de la valeur et ne deviennent propriétés que par le travail de l'homme, vous payerez les services de l'inventeur.

Vous êtes placés entre ces deux alternatives : ou commettre le crime de refuser son salaire à l'inventeur, ou nier que l'homme soit maître de ses facultés, soit libre de les développer, de les diminuer, de les anéantir à son aise, et dire avec une école communiste : « L'homme n'est pas propriétaire de ses facultés, il n'en est qu'usufruitier. » (J. Leroux.)

Alors, si vous dites cela, la thèse est changée. Vous êtes ennemis de toute espèce de propriété; ne discutons plus cette question : nous différons de principe; le principe doit être discuté ailleurs.

Mais si au contraire, vous accordez la propriété au travail physique, vous accorderez la propriété au travail intellectuel.

« Qu'est-ce que le travail, sinon l'action de l'individu sur le monde physique et intellectuel, dit M. H. Gastille ? En quoi le travail de la pensée diffère-t-il du travail des mains, sinon dans la manière dont il s'exerce ? Le but n'est-il pas toujours le même ? N'est-ce pas toujours le moyen d'assimilation de l'objectif sur le subjectif ?»

Or, c'est le travail qui produit le plus et que tous ne peuvent pas faire, qui a le plus de droits. Son auteur doit donc être payé en raison de la difficulté qu'il a eue à vaincre et de la richesse qu'il a donnée au monde. Donc, honneurs et richesses à des Papin, des Fulton, des Watt, des Morse ! Ils leur sont dus en vertu du grand axiome de saint Simon : — A chacun selon ses œuvres !....

Reconnaissez avec Kant que « Toute découverte utile est la prestation d'un service rendu à la société, » et que, par conséquent, la société contracte envers son auteur une dette en rapport avec le service, ou dites avec J. Leroux : «Le travail n'est point individuel, mais social; il s'accomplit de