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PROPRIÉTÉ INDUSTRIELLE. 303

leur industrie. Géner le travail, c'est leur ôter le moyen de vivre. Un tel vol est un assassinat. » Vous ne commettrez pas le crime de refuser à l'inventeur la propriété de son œuvre; vous ne serez pas effrayés du prix que méritent les services qu'il vous rend ; quoique sachant que tel homme du fond de son cabinet rend plus de services à la société que cinq cents hommes travaillant à l'aide de leurs muscles, vous ne craindrez pas de payer à cet homme le prix que vous payez aux cinq cents autres ; vous aimerez mieux acquitter votre dette que le dépouiller, lui faire banqueroute.

J'aime Marie quand il vient dans son magnifique langage exposer ainsi l'origine de la propriété intellectuelle et demander sa proclamation :

« La première occupation n'est vraiment pas ce qui fonde la propriété, ce qui la légitime, ce qui fonde et fixe ses droits Mais supposez que le premier occupant applique son intelligence à la chose dont il s'est emparé ; supposez que sous la force de son intelligence, de son activité, cette chose se transforme, que, sans valeur hier, elle prenne de la valeur grâce à la pensée qui agit sur elle ; alors tout change, la chose possédée devient une tout autre chose. L'homme se l'assimile par son travail et s'identifie avec elle ; il y met le cachet, la vive empreinte de sa personnalité. Dès lors, la chose devient la personne elle-même, elle devient une propriété, parce que la personne qui se l'est assimilée, qui vit en elle, s'appartient elle-même. »

Les économistes pourront tenir peu de compte de ces principes qu'ils appelleront des phrases, comme le renard trouvait les raisins trop verts.

Mais parce qu'une vérité est exprimée en splendides paroles, doit-elle donc cesser d'être une vérité ? Est-il vrai, oui ou non, que la propriété n'est que la fécondation d'un agent naturel gratuit par nos facultés?

Et alors, si vous admettez ce principe, que les agents