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scrute tous les procédés industriels, il devine les secrets de fabrique, et il fait de la description des divers moyens employés par l’homme pour dompter la matière la partie la plus neuve et la plus importante de l’Encyclopédie ; il voit en même temps la gêne que lui imposent tout l’échafaudage des corporations, le despotisme des maîtrises, les difficultés de l’apprentissage, les démarcations ridicules qui existent entre chaque métier ; et il termine son travail en poussant ce cri d’avenir : « Affranchissons le travailleur! » La voix puissante de Diderot est entendue ; elle pénètre jusque dans les provinces les plus reculées ; tout le monde se préoccupe de ces travaux qui jusqu’alors étaient demeurés inaperçus. Les économistes traitent ces questions de production, et viennent à leur tour demander la liberté du travail.

Sous l’impulsion de ce mouvement, une déclaration du roi, du 24 décembre 1762, essaya de régulariser les privilèges.

Mais, chose étrange, chose qui prouve l’aveuglement, l’esprit de restriction, de contrainte de tout l’ancien système monarchique, en essayant de régler cette matière, cette ordonnance attribue le mal, non pas à l’absence de loi protectrice et bienfaitrice, changeant le privilège en droit, non pas au peu de garanties données aux inventeurs, non pas à l’arbitraire, mais bien à l’étendue des privilèges et à leur durée!

La première loi, véritable loi ayant pour but la protection des inventeurs, est donc une loi de restriction ; elle fixe pour limite ce fameux terme de quinze ans qu’en un siècle nous n’avons pas encore pu parvenir à doubler.

Enfin cette loi existait, c’était quelque chose ; mais à qui