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partisans de la propriété intellectuelle, sont de cet avis. Proudhon a bien vu que c’était cette contradiction qui faisait leur faiblesse. Aussi, au lieu de combattre les divers auteurs qui se sont occupés de cette question s’est-il attaché uniquement à eux : — Vous voulez la propriété intellectuelle et vous niez que le travail engendre la propriété, a-t-il pu s’écrier; et alors, sans difficulté, il les a réfutés, mais en même temps il s’est mis en contradiction avec lui-même. Car quelle a été toujours sa foi ? la propriété des services. Et n’est-ce pas cette propriété que nous demandons en ce moment pour l’inventeur ? et n’est-ce pas la seule vraie?

C’est une des gloires de Bastiat qui a jeté tant de lumière sur l’économie politique d’avoir précisément proclamé que la propriété naissait du travail.

" Il y a les dons naturels, dit-il parfaitement, les matériaux gratuits, les forces gratuites : c’est le domaine de la communauté.

« Il y a de plus les efforts humains consacrés à recueillir les matériaux, à diriger les forces, efforts qui s’échangent, s’évaluent et se compensent : c’est le domaine de la propriété.

« En d’autres termes, nous ne sommes pas propriétaires de l’utilité des choses, mais de leur valeur, et la valeur n’est que l’appréciation des services réciproques.

« Les hommes, s’ils sont libres, n’ont et ne peuvent avoir d’autre propriété que celle de la valeur ou de leurs services... Ira-t-on jusqu’à dire qu’un homme n’est pas propriétaire de sa propre peine ? Que dans l’échange ce n’est pas assez de céder gratuitement les agents naturels, il faut encore céder gratuitement ses propres services ? »

Évidemment non. Ce serait retomber dans l’esclavage, puisque vous êtes forcés d’admettre qu’on vous rendra des services rémunérés... A moins que vous ne disiez avec Quesnay que le travail étant improductif, vous ne lui devez