Page:Guyot - L'Inventeur.djvu/302

Cette page n’a pas encore été corrigée

quiète guère et ne se distrait pas de ses études pour courir après ce vain fantôme.

Il ne tourne plus uniquement des regards vers cette assemblée, attendant qu’elle lui dicte une composition ; il travaille tout seul, ne demandant d’inspiration qu’au mouvement social tout entier. C’est à lui qu’appartient maintenant l’initiative et non à MM. tel et tel.

Du reste, je l’ai déjà dit ailleurs : récompenses, prix, etc., ne sont que des hochets : l’inventeur n’a droit qu’à un prix, à la rémunération que lui donnera le public de son invention. Hors de là tout est faux ; nous ne sommes plus des enfants pour nous contenter de ces vaines satisfactions ; nous rions de ces encouragements qui n’en sont pas, qui n’aident en rien l’inventeur dans l’accomplissement de sa tâche, qui ne le récompensent pas de ses efforts d’une manière proportionnelle aux services qu’il rend à la société, et dont le refus souvent le décourage et l’empêche de trouver des capitalistes. Pourquoi donc continuer a regarder les arrêts de ce corps comme des oracles et à les solliciter humblement, quand tous les inventeurs connaissent leur valeur. Ils savent que l’Académie ne peut rien, que son rôle n’est qu’un rôle négatif ; pourquoi s’empressent-ils donc, comme des moutons de Panurge, de lui demander son opinion sur leurs travaux ? S’ils veulent avancer rapidement, qu’ils perdent cette éternelle préoccupation de ses jugements, qu’ils agissent sans s’en plus soucier que si elle n’existait pas, qu’ils ne mettent plus leur espoir en elle, mais qu’ils tournent ailleurs leurs regards.

La formule de l’Académie est autorité ; la formule de la science est liberté.

Ces deux formules ne peuvent s’accorder. « La science sans liberté est une contradiction dans les termes, a dit Jules Simon. »

Donc l’inventeur doit chercher des encouragements et des ressources en dehors d’elle.