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pas montré que les procédés employés à l’égard des concurrents ne sont pas toujours tels qu’ils devraient être, que ce prix ne serait jamais accordé à aucun chirurgien de Paris pouvant porter ombrage à certains membres, que pour ce motif on avait déprécié les travaux d’un autre chirurgien distingué, à qui on a alloué une récompense insignifiante ?

Il y a un prix fondé par M. de Tremont, un prix annuel de mille francs « pour aider un savant sans fortune dans les frais de travaux et d’expérience, etc. »

En 1859, l’Académie le décerne pour trois ans et à qui ? à M. Ruhmkorff « qui est l’ingénieur de prédilection des savants de tous les pays.» C’est M. le rapporteur lui-même qui le dit.

Il faut avouer aussi que ce n’est pas toujours de sa faute si l’Académie des sciences ne trouve pas à décerner ses prix ou ne les décerne pas au plus digne. Le mouvement scientifique ne reçoit plus d’elle son impulsion ; il le reçoit de la société entière. Ce sont les besoins nouveaux qui l’enfantent. L’Académie n’a nulle initiative en cette matière : elle peut tout au plus le suivre : il lui est aussi impossible qu’à l’Etat d’être à la tête du progrès : tous les deux ne peuvent que se mettre à sa remorque ; l’un et l’autre sont impuissants à l’engendrer : ce sont les forces individuelles qui le constituent et non des corps politiques ou savants. Mais non-seulement ils ne l’engendrent pas, mais encore le plus souvent ils lui résistent parce qu’ils ne le comprennent pas. Gens parvenus, ils ne cherchent qu’à conserver, au lieu de chercher à avancer. Aussi de même que nous voyons l’Etat mettre obstacle à l’œuvre de la civilisation, voyons-nous l’Académie se mettre en dehors du mouvement scientifique, et au lieu de le pousser en avant, chercher à le retenir. Les prix qu’elle décerne, au lieu d’être en rapport avec les études du moment, sont en dehors d’elle. Le travailleur qui n’a plus besoin qu’on lui impose de tâche, qui est assez grand et assez raisonnable pour savoir ce qu’il doit faire, ne s’en in-