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dont elle est investie, le prestige dont les préjugés l’entourent, les ressources pécuniaires qu’elle possède, l’influence qu’elle peut avoir sont autant de chaînes qui vous y lient. Brisez-les, puisque vous n’avez qu’à vous plaindre d’elle et que rarement vous pouvez vous louer de ses arrêts. Du jour où nul ne s’adressera plus à elle, elle tombera comme un vieil édifice pourri que rien ne soutient plus, et les sociétés qui, en ce moment, languissent auront l’influence quelles doivent avoir. Ce seront elles qui seront les véritables véhicules du progrès et qui le feront atteindre le but auquel il veut parvenir. Que les ressources particulières se réunissent et elles compenseront facilement la maigre pâture que livre l’État à l’Académie. Mais quand ces résultats arriveront-ils ? Quand ? quand des hommes complètement indépendants, sans souci du pouvoir et des faveurs, dégagés de tout esprit d’intrigue, libres de toutes places officielles, se trouveront à leur tête. Malheureusement c’est ce qui n’a pas lieu. Une société veut se fonder. Aussitôt elle se met à la recherche de gros bonnets auxquels elle doit se rallier comme au plumet de Henri IV. Elle ne sait quels termes serviles employer à leur égard ; elle s’en sert comme enseigne et en même temps elle leur fait une réclame ; au lieu de n’agir sévèrement que selon les principes de la vérité, elle s’avilit pour mériter leur faveur. Toute société en France, qui se déclare indépendante, n’a rien de plus pressé que de chercher à perdre son indépendance. Les fondateurs se mettent en quête de membres de l’Académie qui veuillent bien en faire partie, parce que ce titre en impose aux badauds ; parce que ce titre y amène beaucoup de gens qui, par ce moyen, essayent de se rapprocher de ces dispensateurs de faveur : ils ne font rien, ces gros personnages ; ils n’apparaissent jamais aux séances ; mais dans les bulletins, on les comble de louanges ; un mot d’eux : c’est une parole d’évangile ; on leur rendrait le même honneur que les Thibétains rendent à leur Lama. Loin de nous, ces fétiches ! ne cesserai-je