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hommes dignes de sa sympathie, puisqu’elle est basée sur le libre concours du public ?

Apprenons donc à secouer ce joug autoritaire.

L’Académie est impuissante de sa nature : si elle peut donner quelques rares conseils aux inventeurs, elle ne peut diriger activement leurs travaux, les aider d’une manière efficace, leur accorder des secours réels, employer leurs forces dans un but déterminé. Quelques encouragements ! voilà où se borne son rôle ; rôle étroit, que la Convention eût voulu, avec sa puissante unité, rendre immense ; mais rôle qu’elle ne peut prendre désormais, le gouvernement, si riche pour l’armée, si pauvre pour la science, lui donnât-il des millions. Le lendemain du jour où M. Dumas avait fait un magnifique rapport sur la découverte de Ruolz, celui-ci ne pouvait pas trouver cent écus pour l’exploiter.

Qu’on cesse de s’adresser à l’Académie, que des sociétés libres la remplacent. Vous présentez un mémoire à ce corps vénérable ; combien parmi ses membres sont en état de le comprendre ? L’Académie des sciences est composée d’éléments hétérogènes... « Les sciences inorganiques et les sciences organiques s’y regardent sans se comprendre et s’y parlent sans s’écouter.» (Littré.) Vous croyez vous adresser aux soixante-cinq hommes les plus savants de France ; vous ne vous adressez en réalité qu’à cinq ou six auxquels vous décernez un brevet d’infaillibilité. Pourquoi donc, au lieu d’agir ainsi, ne portez-vous pas vos travaux à une société spéciale ? Croyez-vous qu’ils ne seront pas mieux appréciés, mieux discutés par des centaines d’hommes s’y intéressant, que par quelques hommes parlant devant des gens complètement étrangers au sujet que vous traitez. Les sociétés botanique, zoologique, géologique, biologique, anthropologique, géographique, des ingénieurs civils, existent déjà. Allez, savants et inventeurs, leur porter vos travaux ; réunissez-vous à elles ; cessez d’aller à l’Académie. Ah ! il est vrai que ce conseil est difficile à suivre, les privilèges