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l’État par-là ! Et comme si rien ne nous regardait, nous, membres de l’État, nous attendons placidement, en nous permettant à peine quelques murmures, que l’État veuille bien s’occuper de la chose qui nous intéresse. Or le gouvernement, dans les matières scientifiques, est représenté par l’Académie : c’est donc vers l’ Académie que se tournent tous les regards.

Et cela précisément parce que l’Académie est dans la complète dépendance du pouvoir exécutif. Ce n’est pas au corps savant qu’on s’adresse ; c’est au corps composé de savants qui sont devenus depuis des .personnages dans l’Etat. La grande autorité de M. Dumas, le chimiste l — Non ! La grande autorité de M. Dumas, sénateur. — La grande autorité de M. Le Verrier, l’astronome. — Non ! — — La grande autorité de M. Le Verrier, sénateur ! C’est parce qu’ils sont sénateurs, qu’ils régissent souverainement la science, non pour un autre motif. Ils sont puissants : ils disposent de mille grâces, ils peuvent dispenser mille faveurs ; donc, tendons les mains vers eux ! Dans un pays indépendant, cette situation politique en dehors de la science ferait faire peu de cas de leurs appréciations par des savants. En France, il en est tout autrement. La science y est centralisée comme toute chose. L’État a une science officielle comme il a un enseignement officiel. Tous les deux ne doivent admettre que de bonnes doctrines, non susceptibles de troubler lu société. C’est pour ce motif que M. Pasteur invoquait contre les hétérogénistes le matérialisme et l’athéisme auxquels leur doctrine les conduisait. Les savants arrivés dépendent du pouvoir et les autres dépendent d’eux ; tous sont employés comme pour les autres fonctions ; et malheur à eux si leurs doctrines ne sont pas orthodoxes. L’Angleterre, l’Allemagne, l’Italie, les États-Unis ont de nombreux rentres scientifiques indépendants. Il n’en est pas de même chez nous. L’Académie des sciences ne peut rien innover sans l’approbation de l’Etat : l’Etat