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payer les droits exigés pour être admis dans les corporations dont ces professions dépendaient. Aussi alla-t-il s’établir à l’étranger, et son invention ne fut rendue à la France qu’en 1793.

Lenoir avait besoin d’un petit fourneau pour préparer les métaux : il en construisit un ; les syndics de la corporation des fondeurs vinrent eux-mêmes le démolir. Nouvelle tentative, nouvelle exécution ; il lui fallut enfin, pour être tranquille, avoir une autorisation du roi, qui lui fut accordée par exception extraordinaire.

Comment veut-on que l’inventeur pût se produire, enserré dans le réseau des rivalités jalouses, consacrées par la loi? Puis ce n’était pas tout : en admettant qu’il pût, à force de volonté, de courage et de bonheur, surmonter tous les obstacles, il lui restait à triompher encore de la grande difficulté et de la plus insurmontable, des entraves mises par l’administration à la production et au débouché des produits.

En effet, sans cesse la maréchaussée, les inspecteurs tombaient dans les ateliers, bouleversant tout, s’appropriant les procédés secrets, les dévoilant, suspendant le travail, ruinant souvent le crédit par une fausse ou mauvaise interprétation de l’état des affaires : « coupant, dit Roland, souvent quatre-vingts, quatre-vingt-dix, cent pièces d’étoffes dans une seule matinée, en confisquant un nombre énorme, frappant en même temps le fabricant de lourdes amendes, brûlant les objets de contravention en place publique, les jours du marché, les attachant au carcan avec le nom du fabricant, et menaçant de l’y attacher lui-même en cas de récidive. Et pourquoi toutes ces sévérités, toutes ces inquisitions? Uniquement pour une matière inégale, ou