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pour objet une découverte scientifique et exclusivement scientifique ; l’Académie semble tenir à honneur de ne régner que sur la théorie pure ; elle dédaigne la pratique. »

C’est l’histoire des alchimistes dont on s’est tant moqué ; il y a eu des alchimistes dans tous les siècles, il y en aura toujours, leur point de vue change : voilà tout.

Que cherchaient les alchimistes ? non la matière, mais l’absolu. Ils idéalisaient la science, la spiritualisaient et, à force de s’absorber dans leurs déductions, ils arrivaient à un point extrême, où il n’y avait rien. Il en est de même maintenant. Qu’y a-t-il au bout de certains problèmes mathématiques ? N’est-ce pas avec une haute raison que M. Littré dit :

« A une époque toute récente on a fait de l’art pour l’art ; avec quel profit ? Le résultat est là pour en témoigner. Aujourd’hui on fait de la science pour la science, stérile exercice dont le public favorablement prévenu par de glorieux et récents services, et d’ailleurs juge encore peu compétent, appréciera bientôt sévèrement la vanité »

En voyant cette indifférence, bien plus même cette antipathie de ceux-là qui s’intitulent savants, comment n’arriverait-ou pas à se demander quelle est en définitive l’utilité de ces messieurs, qui eux-mêmes se proclament des inutilités ? Quel est lu but que nous devons poursuivre en ce siècle, si ce n’est l’alliance de la théorie et de la pratique ? C’est en vain que les savants le nieraient ; qu’ils jettent un regard autour d’eux et ils verront que c’est là où tendent les efforts de tous les travailleurs ; les métaphysiciens purs sont maintenant relégués au second plan ; on ne chicane plus sur les mots ; la critique s’est métamorphosée ; nul ne s’amuse plus à relever dans un ouvrage les tournures de phrases qui ne plaisent pas ; on s’occupe avant tout de l’ensemble, des tendances de toute œuvre d’art ; la philosophie de l’histoire ne consiste plus à chercher le plus ou moins de validité d’un document historique, l’exactitude précise d’une date :