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on fait de ces hommes qui, de temps à autre, laissent tomber du haut de leurs études austères quelques vérités pratiques que l’industrie ramasse comme celles qui se sont échappées des mains de Papin, d’Ampère et de Chevreul. »

Je crois que le lieu influençait peut-être un peu les idées de M. Duruy, car autrement comment expliquer ce dédain pour l’industrie ? Voyez-vous l’homme pratique aux pieds du savant, ramassant les miettes qu’il laisse tomber de sa table. D’après M. Duruy tous les hommes pratiques seraient des César Birotteau à qui des Vauquelin daigneraient parfois donner des recettes dont ils pussent se servir. Qu’ils ne s’avisent donc pas de se présenter dans le temple de la science ; ils en seraient honteusement chassés comme Renaudot était repoussé du sein de la Faculté de Paris, sous prétexte qu’il guérissait les malades, — ce qui est pratique ; — qu’il favorisait les transactions commerciales, les emprunts, en fondant une sorte de bourse et de banque, — ce qui sentait le marchand ; — qu’il avait une pharmacie, — ce qui sentait l’apothicaire ; — qu’il avait fondé une gazette, — innovation très-commode, très-utile, organe de publicité, arme contre l’ignorance des masses, moyen de diffusion des lumières, — toutes choses fort criminelles aux yeux des braves docteurs. Ah ! au lieu de s’occuper de tout cela, il eût bien mieux fait de passer sa vie à mesurer le saut des puces, comme faisait Socrate selon Aristophane. C’est bien plus beau et bien plus digne de l’esprit humain. Il ne doit s’appliquer qu’à des problèmes de cette espèce dans lesquels il peut trouver une magnifique pâture et une grande satisfaction. Quels beaux travaux on peut faire sur des questions de ce genre !

« On entend lire à l’Institut des rapports d’une clarté remarquable et d’une très-haute portée, dit M. Lucien Platt. Les comptes rendus témoignent de l’activité et de la persévérance de plusieurs académiciens ; mais les rapports ont