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chercher le moyen de rapprocher les peuples, de faciliter les communications et d’augmenter la vie humaine en diminuant les distances ? On ne peut exiger d’eux, évidemment, de se préoccuper de ces infimes détails. La science pure est la seule qu’on doive adorer dans le temple de l’Institut. Jeunes gens, vous devez vous faire ses disciples ; si vous avez le malheur de l’abandonner un seul moment pour vous occuper de sa rivale, vous serez repoussés par l’académicien comme par un père à qui vous demanderiez sa fille en mariage et qui vous verrait faire la cour à sa servante. Ecoutez donc les conseils de M. Biot sous peine de vous abaisser, de vous dégrader, de perdre votre avenir, de renoncer aux palmes académiques et aux traitements qui en sont les conséquences et envers lesquels les immortels agissent comme de simples mortels : « Continuons, dit M. Biot, à étudier la nature dans ses secrets intimes, à découvrir, mesurer, calculer, les forces qu’elle met en œuvre, nullement préoccupés des applications profitables que l'on pourra faire. » Sans doute qu’avec son ami Gay-Lussac, il a reproché à Pellegrini-Savigny d’avoir dégradé la science en s’occupant des questions d’alimentation.

Et ce qui fait voir le respect que nous avons en France pour l’autorité, c’est que les journaux qui, de leur nature, doivent se préoccuper avant tout, des choses pratiques, directement utiles, qui ont une influence immédiate sur la richesse sociale, la répartition des produits et des forces, l’équilibre des besoins et des ressources des populations, les rapports des peuples entre eux, ont presque tous applaudi ce discours. C’est une contradiction ; mais l’homme est ainsi fait que M. Duruy, ministre de l’instruction publique, se préoccupant aussi, lui, par mission, par devoir et par politique, des améliorations à faire au bien-être des populations, a dit de son coté dans le discours qu’il a prononcé, en 1864, a la Sorbonne :

« La science véritable est la théorie. Avec elle seulement,