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devraient-ils pas être favorables au progrès qu’elle représente, au lieu de lui opposer négations obstinées, théories préalables, calculs faussés, expériences au moins douteuses ? Malheureusement, on ne pourra pas plus changer l’esprit des académiciens que celui des avocats généraux ; pour ceux-ci, l’accusé sera toujours un coupable ; pour ceux-là, tout inventeur sera un fou ; et ils ne songeront pas, dans leur rage de condamner, qu’une condamnation injuste est un stigmate éternel appliqué sur le nom de celui qui l’a provoquée.

VII

Mais qu’importe à ces Messieurs ? Ils se soucient bien de l’utilité, des applications de la science, du progrès de l’industrie, du développement de richesse quelle donne, des bienfaits matériels qu’elle apporte. Tout cela aux yeux des académiciens n’est qu’affaire de commerçants, d’ouvriers, d’hommes pratiques ; et eux ne sont pas des hommes pratiques ; ils s’en font gloire ; ils n’admettent que la théorie pure ; elle seule est digne de fixer leur attention, d’attirer leurs regards, de préoccuper leur intelligence. Le reste, à leurs yeux, est bon pour les êtres grossiers qui s’occupent de ce qui se fait sur la terre ; mais eux sont des esprits qui ne mangent que des logarithmes et se nourrissent uniquement de mathématiques ; ce sont des esprits éthérés qui ne vivent que dans les étoiles situées à quelques millions de lieues ; ce sont des esprits pour lesquels les gaz valent mieux qu’un beafteck. Comment voulez-vous que des hommes spiritualisés à ce degré, qui alignent des chiffres représentant des milliards et des milliards, puissent s’abaisser à s’occuper de quelques misérables centaines de millions que produira une nouvelle invention ; qui sont habitués à voler de monde en monde sans difficulté, ne soient pas remplis de dédain pour un homme qui s’évertuera à