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Des fabricants de Nantes et de Rennes voulurent établir des manufactures d’étoffes de laine, fil et coton ; ils avaient fait de nombreuses préparations qui leur garantissaient une bonne et solide couleur ; mais à peine cet établissement était-il formé, que la compagnie des sergiers lui contesta le droit de fabriquer l’étoffe, et la corporation des teinturiers le droit de la teindre. Procès alors à n’en plus finir ; les capitaux destinés à l’exploitation de la nouvelle industrie y furent mangés. L’arrêt fut enfin rendu en 1660, leur donnant raison, vu que ce genre de fabrication n’était pas compris dans les règlements antérieurs ; mais ils avaient épuisé leurs ressources et étaient incapables d’exploiter leurs manufactures.

Quand Argant eut inventé les lampes à double courant, ferblantiers, serruriers, taillandiers, maréchaux grossiers, poussèrent une immense clameur, prétendant que les statuts réservaient aux membres de leurs communautés le droit de fabriquer des lampes. Il fut obligé de plaider contre eux.

Réveillon ne put parvenir à fabriquer en paix les papiers peints, les premiers qu’on ait faits en France, qu’après avoir obtenu le titre de Manufacture royale. Ce titre était lui-même un privilège très-abusif. Mais il en est ainsi dans toutes les sociétés reposant sur l’arbitraire et la contrainte; on est sans cesse obligé de leur appliquer le régime homœopathique : similia similibus. Pour corriger un vice, il faut créer un autre vice.

L’an 1761, on trouva le moyen de vernir et d’emboutir la tôle. Mais, pour exploiter cette invention, il fallait employer des outils et des ouvriers appartenant à diverses professions. L’inventeur, n’étant pas riche, ne pouvait pas