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plein de respect pour l’autorité de ces deux grands noms, n’eût jamais tenté de les reprendre. Niepce et Daguerre, demi-savants, osèrent s’attaquer à ce problème et réussirent. Audaces fortuna juvat. Rien ne doit décourager l’inventeur : il échoue aujourd’hui, qu’il recommence demain. Dût-il toute sa vie rouler le rocher de Sisyphe, qu’il ne se désespère pas ; un jour peut-être parviendra-t-il à l’empêcher de retomber. Dût-il faire le travail des Danaïdes, qu’il recommence chaque jour, avec l’espoir de remplir enfin son tonneau. Si l’un jette le manche après la cognée, qu’un autre ramasse manche et cognée et continue le labeur abandonné. Il n’y a pas de résultat auquel la volonté, la persévérance et le génie ne puissent arriver.

Mais revenons aux expériences et à la manière dont les académiciens les font. Voici deux faits que je n’hésite pas à qualifier d’odieux.

Quelquefois les savants, quand il s’agit de faire triompher leur théorie, n’y apportent pas toujours peut-être, je n’irai pas jusqu’à dire la bonne foi, mais le soin, l’exactitude nécessaires, de sorte qu’ils arrivent à des conclusions dans le genre de celles de Magendie à propos du sucre. Il lui niait toutes sortes de propriétés nutritives ; il soumit des chiens à son régime absolu. Les chiens crevèrent au bout de quelques semaines ; et victorieusement il écrivit : « Vous voyez bien que j’avais raison ! »

Cela ne prouvait cependant pas grand chose, les chiens étant des animaux essentiellement carnivores et auxquels une pareille nourriture, donnée sans aucun mélange, ne peut suffire.

Voici encore un fait du même genre et qui n’est pas vieux. Quand la poudre coton parut, si elle trouva un grand succès auprès du public, elle ne trouva que le plus complet dédain auprès des savants. Ils l’appelaient poudre de salon, et pour prouver leur dire, ils faisaient des essais sur des matières mal préparées, et le colonel Piobert et le colonel