plonges dans un sommeil que nul ne troublait plus, semblaient mourir faute d’aliments. »
Vous voyez, je prends contre les calculs et les mathématiciens des armes, même chez des mathématiciens. Quelques-uns ont la bonne foi de dire un peu la vérité sur leur compte et de mettre en doute leur infaillibilité. Au moins on ne pourra pas me dire : qui attaque les mathématiques ? des ignorants, des gens qui ne les savent pas et qui alors en parlent comme un aveugle des couleurs.
Ah ! vous voulez des autorités, eh bien en voici :
M. Biot. Admettez-vous celle-là ? Eh bien, voici ce qu’il dit des mathématiques :
« On ne ferait presque jamais de nouveaux pas dans les sciences physiques, on n’oserait jamais y pressentir de lointains rapports, s’il fallait n’essayer de rapprocher les faits que lorsque le calcul peut s’y appliquer rigoureusement. »
Poinsot réagissant contre les géomètres purs, « avait montré que, dans la mécanique, rien ne dispense de considérer les choses en elles-mêmes, sans jamais les perdre de vue dans le coin du raisonnement. »
« Maintenant, dit M. Bertrand, nul n’oserait contester l’importance et la hauteur des travaux mécaniques de Poinsot ; il semble évident déjà que la postérité doit placer l’illustre auteur de la statique bien au-dessus des contemporains, jadis plus célèbres, qui l’ont si longtemps méconnu. »
Mais Poisson disait au sein du bureau des longitudes : « Si Poinsot se présentait à l’École polytechnique, ma conscience ne me permettrait pas de l’y admettre ! »
Pourquoi ? parce que sa science était pratique ; parce que, sans doute, il avait dît « que le calcul n’était qu’un instrument ; » que ses résultats avaient toujours besoin d’être vérifiés d’un autre côté par quelque raisonnement simple ou par l’expérience ; qu’enfin il ne faut pas croire que les